Réunion du 07/12/2010
Les essais de la
« Clémence-Isaure »
Le Journal de Toulouse du 28 avril1843 titre : La
« Clémence Isaure » fait aller-retour Toulouse-Grenade sur la
Garonne.
L’article dit :
« Le bateau
à vapeur, la Clémence-Isaure, destiné à faire le service de Toulouse à Agen, a fait hier un petit
voyage d'épreuve. Il a parcouru
la distance de l'Embouchure à Grenade (22 271 mètres) en une heure. Le retour s'est effectué en
trois heures. La marche a
été très contrariée par le mauvais temps et un vent contraire très violent.
Il faut observer
en outre que c'est entre Toulouse et Grenade que le fleuve offre le plus de difficultés.
Un grand nombre
de personnes notables de Toulouse avaient été invitées à prendre part à cette
promenade. Tout le monde a admiré la belle construction de ce steamer,
l'élégance et le bon goût qui ont présidé à la décoration du salon, où l'on remarque des peintures représentant des sujets tirés des annales
toulousaines. Dans les dessins
du plafond on lit le nom des personnages illustres de notre cité. »
Malgré quelques
tentatives au XVIIIe siècle ce n’est qu’au XIXe que se répandit la navigation à
vapeur sur les rivières.
En 1736, Jonathan
Hulls déposa un brevet en Angleterre sur le principe d’un bateau motorisé par
une machine à vapeur. Mais seules les améliorations apportées par James Watt
(inventeur de la machine à vapeur en 1769) rendirent son concept réalisable.
Parmi les constructeurs de bateaux c’est, finalement, le marquis de Jouffroy
d’Abbans qui réussit à naviguer à contre-courant en remontant la Saône à Lyon,
de la cathédrale Saint-Jean à l’île Barbe, le 15 juillet 1783.
En 1803, Robert
Fulton, un Américain qui est considéré comme l’inventeur du bateau à vapeur,
lance pour la première fois sur la Seine un chaland à vapeur.
Au XIXème siècle, de nombreuses compagnies tentèrent d’exploiter ces nouveaux moyens de transport sur les rivières françaises mais de nombreux accidents (explosions, incendies, naufrages… ) tempérèrent leur expansion. L’une des dernières sur la Loire choisit de s’appeler la compagnie des Inexplosibles pour rassurer les clients.
Les promoteurs de
la navigation à vapeur sur la Garonne (Church, consul des Etats-Unis pour les
ports du Havre, Brest et Lorient ; Charles-Joseph Brannens, jeune
langonnais qui avait vu naviguer des bateaux à aubes sur le Mississipi, et
quelques capitalistes girondins) avaient envisagé l’établissement de services,
au moins saisonniers, entre Bordeaux et Toulouse. Une correspondance échangée,
quelques jours après les essais du premier vapeur bordelais La Garonne,
entre M. Bergevin, commissaire général de la marine à bordeaux, et le comte de
Molé, secrétaire d’Etat à la marine nous en fournit la preuve. Mais M. Bergevin
dans une lettre du 27 août 1818 fait part au ministère de ses inquiétudes au
sujet de la nouvelle entreprise. Il craint surtout qu’un tirant d’eau de plus
de 3 pieds, soit 90 centimètres environ, n’empêche le bateau de franchir, même
en hiver, certaines passes pour atteindre Toulouse. Et, en fait, les calaisons
trop fortes imposées par le poids relativement élevé de leurs machines
rendirent la chose impossible pour les premiers bateaux à vapeur, qui, depuis
Bordeaux, remontèrent seulement la Garonne jusqu’à Langon en octobre 1818, puis
La Réole en 1826, Marmande en 1827 et plus tard Agen.
Enfin, au mois de
mai 1830, L’Omnibus de la Compagnie Bordelaise, construit aux chantiers
Chaigneau et Bichon, à Larmont, muni d’une machine de trente chevaux et dont le
tirant d’eau et de vingt-deux pouces, soit 56 centimètres environ, parvient à
se rendre de Bordeaux à Toulouse. Le trajet de Bordeaux à Moissac a demandé
vingt-neuf heures de marche et, celui de Moissac à Toulouse aurait pu être
franchi en treize heures, s’il n’avait pas été ralenti par la nécessité de
relever fréquemment des sondes exactes.
Le succès de ce
voyage fit naître beaucoup d’espoir, mais il n’eut pas de suite, pas plus
d’ailleurs que la tentative de L’Etoile pour relier bordeaux et Toulouse
par un service régulier de voyageurs, en 1842, sans parler de divers projets
parmi lesquels ceux des Inexplosibles et des Pyroscaphes de la
Garonne. Le terminus des vapeurs bordelais pour le transport des passagers
demeura Agen et exceptionnellement Moissac.
Cependant en 1843
la Clémence-Isaure, petit vapeur construit la même année et dont le Journal de
Toulouse relatait les premiers essais, assura un service de voyageurs entre
Toulouse et Agen, fort peu de temps d’ailleurs. Le quotidien bordelais
l’Indicateur (numéro du 4 mai 1844) annonce en effet sa mise en vente prévue
pour le 6 mai, à Agen après la liquidation de la Société du Capitole instituée
pour l’exploitation des bateaux à vapeur entre Agen et Toulouse et dont M.
Jollet, mécanicien et constructeur à Nantes, était le plus fort actionnaire.
La Clémence-Isaure
continua, et finit, sa carrière en effectuant des promenades entre Libourne et
le pont de Cubzac.
Références :
-Le Journal de Toulouse du 28/04/1843
-Actes du XXIe Congrès d’Etudes Régionales des 15 et 16 mai 1965. Edités par le C.N.R.S. en 1966.